Quantcast
Channel: America Latina (VO) » Daniel Ortega
Viewing all articles
Browse latest Browse all 8

L’Amérique latine en 2016 : un espoir de paix

$
0
0
Le président colombien Santos salue le chef des FARC, Timochenko, en présence de Raul Castro. (AFP)

Le président colombien Santos salue le chef des FARC, Timochenko, en présence de Raul Castro. (AFP)

2015 a été pour l’Amérique latine une année de crise et de changements. En 2016, la continuité de la crise est assurée, mais pas celle du changement. La fin du super-cycle de hausse des cours des matières premières a entraîné des difficultés pour les pays exportateurs. Le Venezuela et le Brésil sont en récession, l’Argentine et d’autres nations sud-américaines connaissent un ralentissement qui ne devrait pas prendre fin en 2016. Le Mexique tire son épingle du jeu avec la croissance molle qui le caractérise.

2015 a été marquée par une avancée diplomatique, le dégel entre Washington et La Havane, qui favorise une relance des relations interaméricaines, moins compromises par le poids des idéologies. Cette ambiance est néanmoins menacée par la montée en puissance de Donald Trump, candidat à l’investiture républicaine aux Etats-Unis, même si la démocrate Hillary Clinton reste la favorite de la présidentielle de 2016.

2015 a été caractérisée par des changements politiques en Argentine et au Venezuela, sans oublier le Guatemala. La défaite du péronisme à la présidentielle argentine et l’échec du chavisme aux législatives vénézuéliennes signalent un tournant, la fin du cycle populiste en Amérique latine, inauguré par l’arrivée au pouvoir de l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez (1999-2013). On n’assiste pas à un retour au passé, mais à un recentrage.

La crise politique devra se poursuivre au Brésil. La question de l’éventuelle destitution (« impeachment ») de la présidente Dilma Rousseff reviendra au-devant de la scène après la trêve estivale et le carnaval. Le conflit entre l’exécutif, le Congrès et la justice qui enquête sur la corruption, aggravé par la crise économique, n’est sans doute pas le cadre rêvé pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro.

Au Venezuela, la cohabitation inédite entre le président chaviste Nicolas Maduro et une Assemblée nationale oppositionnelle risque de prendre aussi la forme d’un conflit entre les trois pouvoirs, puisque la Cour suprême est entièrement acquise au chavisme. La question d’une négociation entre les deux camps reste posée, d’autant qu’une économie aux abois précipite les Vénézuéliens dans la misère. Cependant, la cohabitation ne sera pas tenable longtemps. Les électeurs seront amenés à se prononcer sur le sujet, probablement avant la fin 2016.

La guerre froide n'est pas finie pour tout le monde

Le rétablissement des relations diplomatiques avec les Etats-Unis n’a pas sorti les Cubains de l’ornière, comme le montre le nouvel exode qui a emprunté la voie de l’Amérique centrale et provoqué une crise humanitaire dans l’isthme. Après une année 2015 morose sur le plan économique et nulle sur le plan politique, le congrès du Parti communiste de Cuba, prévu en avril 2016, apportera-t-il du nouveau ?

Les opposants cubains réclament une réforme de la réglementation des associations, qui verrouille la société civile. Et une réforme électorale, ouvrant la voie à des candidatures indépendantes. Une telle réforme pourrait donner un minimum de légitimité à la succession du général Raul Castro en 2018 par un « civil » déjà désigné, le vice-président Miguel Diaz Canel, si ce dernier était adoubé par les urnes.

Toutefois, le parti unique ne supporte pas la moindre concurrence, ni la moindre contestation. Les médias restent le monopole du pouvoir, qui tente par tous les moyens de freiner l’expansion de la cybersphère. Pour la Sécurité de l’Etat, la guerre froide n’est pas finie : les interpellations de dissidents, notamment les Dames en blanc (épouses des prisonniers politiques) et les activistes de l’Union patriotique de Cuba (Unpacu), ont battu un nouveau record (1447 rien qu’au mois de novembre).

Il y a des rendez-vous de 2016 plus prévisibles. Le pape François visite le Mexique en février. Le président Enrique Peña Nieto aura bien besoin de la bénédiction divine pour que les candidats du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) remportent les élections d’une douzaine d’Etats mexicains, le 4 juin. De leur succès dépendront les chances d’un successeur du PRI à la présidentielle de 2018.

Alors que le président équatorien Rafael Correa a promis de ne pas se représenter en 2017, son homologue bolivien Evo Morales, au pouvoir depuis 2006, se croit toujours indispensable et irremplaçable. En février, un référendum devra lui accorder l’autorisation de briguer un nouveau mandat.

Un autre président « bolivarien », Daniel Ortega au Nicaragua, est, lui aussi, candidat à une énième réélection, en novembre. Pour y arriver, il a lancé le projet fou de creuser un canal interocéanique, en association avec un milliardaire chinois proche des militaires de Pékin. L’exemple vénézuélien a poussé les dissidents nicaraguayens du Mouvement rénovateur sandiniste à s’allier avec le Parti libéral indépendant, dans une Coalition nationale pour la démocratie.

Depuis l’expérience autoritaire d’Alberto Fujimori (1990-2000), le Pérou est devenu réfractaire aux candidats officiels, qui n’arrivent jamais à succéder à leurs mentors. L’alternance est donc probable, même si en avril-mai elle a de fortes chances de se faire au profit de Keiko Fujimori, la fille de l’autocrate emprisonné, favorite des sondages.

Cependant, le principal rendez-vous de l’Amérique latine en 2016 échappe à tous les pronostics. Il s’agit de la paix en Colombie. L’accord négocié laborieusement avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) devrait être signé fin mars, dernier carat. L’autre guérilla, l’Armée de libération nationale (ELN), semble subitement disposée à une négociation publique. Les Colombiens commencent à se projeter dans le « post-conflit ».

Or, la tenue d’un référendum sur l’accord de paix ne plaît pas aux FARC, qui craignent le rejet, alors qu’il constitue un engagement du président Juan Manuel Santos. L’opinion est partagée. Les victimes, ainsi que les défenseurs des droits de l’homme, comme Human Rights Watch, s’inquiètent. La paix sera-t-elle compatible avec les exigences de vérité, justice et réparation ? La bataille du post-conflit est loin d’être acquise, elle risque d’être aussi périlleuse et prolongée que la guerre elle-même. Le soutien régional et international ne sera pas de trop.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 8

Latest Images





Latest Images